L'île des enfants perdus ce soir. Tous ont été lâchés dehors. La tempête se prépare derrière les nuages et derrière les murs. Le sourire de Robert brille encore plus fort pourtant sur le chemin de terre.
Ici, les institutrices ne reçoivent pas des fleurs mais de la viande fraîchement chassée, et du poisson encore palpitant. Chaque semaine. L'homme à la balafre était un arnaqueur, il avait certainement besoin d'argent pour des spiritueux en nous vendant du boeuf musqué déguisé en ours polaire. Ça valait le coup de tenter sa chance auprès des bleus du village.
Ce matin, c'était le roller coaster sur le quad de l'homme à tout faire de l'école. Une toute autre perspective sur les trajets métro-boulot-dodo. Sourire avenant et égal, serviable devant l'éternel.
Les enfants sont doux et amers à la fois. Ce soir, le fjord est agité de bourrasques qui malmènent les eaux et chassent la glace au large. Le ciel est noir, le vent comme une présence qui invite à se réfugier chez soi. Les montagnes ont disparu dans le brouillard, l'horizon est néant gris. C'est comme si elles n'avaient jamais existé. Le décor change du tout au tout chaque minute.