Jérusalem, jour 1

Arrivée dans la nuit à l’aéroport Ben Gurion. La première odeur en sortant du terminal, c’est celle du sable frais et de l’essence. L’autoroute sur-éclairée serpente au milieu de l’obscurité la plus totale, dont se détachent seulement quelques massifs épineux. On pourrait être sur une autoroute belge transposée au milieu d’un désert, ou en pleine mer glissant sur le bitume qui paraît flambant neuf et luit à l’infini. Impression de terre inhospitalière où l’homme a dû tailler sa place. Le sentiment d’étrangeté ne fait que s’amplifier à l’entrée dans Jérusalem devenue ville fantôme, Shabbat oblige. Décor de cinéma désert à perte de vue que seules les variations de lumière viennent animer.

Déambuler au hasard sur les marchés de la vieille ville, se perdre tout à fait pour trouver sa route. Le Mur des Lamentations résonne d’un murmure permanent. Le chat se faufile entre les jambes des pèlerins, lambine et minaude pour une caresse. Siroter la mousse tiède d’un sahlab en se laissant bercer par la rumeur lointaine des musiciens de rue. Berceau de l’humanité où chacun semble danser à sa place. Lorsque la ville se remplit tout à coup, que le décor se peuple, on se demande alors d’où vient toute cette vie, cet élan joyeux. Serait-ce seulement des acteurs qui revêtent leurs rôles après l’entracte ? On se presse alors pour rester dans la valse dont les danseurs tourbillonnent sans compter leurs pas.